Qu’est-ce que la méthode Bernhardt ?

Daniela & Klaus Bernhardt

La méthode Bernhardt est une thérapie brève pour les troubles anxieux qui a été développée à l’Institut de psychothérapie moderne de Berlin. Elle porte le nom des deux directeurs de l’institut, Daniela et Klaus Bernhardt. Elle a été présentée pour la première fois à un public international dans le livre « Panikattacken und andere Angststörungen loswerden » (Se débarrasser des attaques de panique et autres troubles anxieux), qui a figuré pendant plus de deux ans sur la liste des best-sellers en Allemagne et a été traduit entre-temps dans plus de 20 langues. Sur le marché français, le livre est paru par exemple sous le titre Pour en finir avec les crises d’angoisse.

Comment est née la méthode Bernhardt ?

Dans la préface de son livre, Klaus Bernhardt décrit comment lui et sa femme en sont venus à développer la méthode Bernhardt. Vous pouvez y lire :

Si on considère l’ensemble de la population âgée de plus de 18 ans, 15 % des individus présentent ou présenteront des troubles anxieux au cours de cette année et parmi eux, certains sont ou seront en proie à des crises de panique récurrentes. Le plus grand désir de ces personnes est de retrouver rapidement une vie normale, une vie sans peur de la peur.

Fort des expériences que j’ai pu accumuler, j’ai décidé, il y a quelques années, de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider les personnes souffrant de crises de panique plus vite et de manière plus exhaustive que cela n’avait été possible jusqu’alors.

C’est pourquoi mon épouse et moi nous sommes spécialisés dans le traitement des troubles anxieux dans notre cabinet de psychothérapie de Berlin. Nous travaillons avec un tout nouveau type de thérapie qui puise sa source dans les recherches contemporaines sur le cerveau. Notre méthode n’a pas grand-chose à voir avec le type de traitement qui attend généralement les patients anxieux. Chez nous, il n’y a pas de thérapie de confrontation (exposition), pas d’exercices de respiration, pas de relaxation musculaire progressive ni de recherche d’antécédents dans l’enfance. À quelques exceptions près, nous sommes aussi strictement opposés à la prise d’antidépresseurs et de tranquillisants. Évidemment, on nous demande souvent en quoi notre forme de thérapie est si radicalement différente de celle de la plupart de nos collègues. Je cite alors volontiers Albert Einstein qui a dit bien à propos :

La folie est de toujours se comporter de la même manière
tout en souhaitant obtenir un résultat différent.

Malheureusement, cette citation si pertinente décrite en grande partie la manière dont les patients anxieux sont traités de nos jours. Les mêmes formes de thérapie sont pratiquées encore et encore, même si elles sont souvent totalement inefficaces ou si elles agissent avec une lenteur extrême. Parallèlement à cela, les résultats révolutionnaires des recherches sur le cerveau sont apparemment ignorés.

Au lieu d’utiliser ces découvertes pour établir enfin de meilleures normes de traitement, on continue de prescrire des antidépresseurs et d’utiliser des méthodes qui n’ont connu aucune évolution notable depuis des décennies. Pourtant, de nombreuses découvertes ont été faites dans les 20 dernières années au sujet du cerveau et de son fonctionnement. Grâce aux techniques d’imagerie, nous pouvons « voir » nos cellules grises en train de penser. Nous pouvons vérifier quelles pensées et quels exercices mentaux déclenchent quelles réactions, et les experts ont la possibilité d’échanger leurs idées et conclusions via Internet dans le monde entier.

Tout cela signifie que nous savons très bien aujourd’hui ce qui doit se passer dans le cerveau pour que des crises de panique puissent apparaître, et aussi ce qui peut être fait pour stopper cette peur. Nous avons testé nous-mêmes dans notre cabinet pendant des années et perfectionné encore et encore toutes les techniques décrites dans ce livre. Vous aurez peut-être du mal à l’imaginer, mais entre-temps, plus de 70 % de nos patients ont besoin de moins de 6 séances pour se débarrasser totalement de leurs crises de panique.

Bien sûr, un livre ne peut ni ne doit remplacer le travail avec un médecin ou un thérapeute expérimenté. Néanmoins, cet ouvrage peut vous aider à comprendre ce que votre panique a réellement déclenché. De plus, il présente un certain nombre de techniques intéressantes et faciles à apprendre avec lesquelles nombre de nos patients ont déjà réussi à retrouver une vie sans peur ni panique.

Je souhaite vivement que les chapitres qui suivent puissent vous aider, vous aussi, à atteindre cet objectif le plus rapidement possible.

Comment utiliser sa neuroplasticité pour désapprendre la peur

Une grande partie de ce que nous pensions savoir sur le cerveau dans les années 70, 80 et 90 est aujourd’hui tout simplement faux et clairement réfuté par la science. Malheureusement, de nombreuses formes de thérapie qui sont encore considérées aujourd’hui comme la norme ont été développées à cette époque ou même bien avant. Il n’est donc pas étonnant que de nombreuses personnes qui ont été traitées de cette manière pendant des années souffrent encore aujourd’hui de troubles anxieux.

Jusqu’au milieu des années 90, on pensait sérieusement que le cerveau d’une personne adulte ne changeait plus beaucoup. Mais grâce au professeur Eric Kandel et à d’autres grands scientifiques, nous savons aujourd’hui que c’est exactement le contraire. Notre cerveau est en constante évolution et s’adapte jour après jour à la manière dont il est utilisé. Par exemple, une étude menée auprès de chauffeurs de taxi londoniens a montré que la zone du cerveau responsable de l’orientation locale était nettement plus importante chez ces derniers que chez quelqu’un travaillant dans un bureau, par exemple.

Cette capacité du cerveau s’appelle la neuroplasticité. Or, presque toutes les méthodes thérapeutiques proposées pour les troubles anxieux ont été développées à une époque où l’on ne pensait pas que le cerveau avait cette capacité de transformation. La plupart de ces méthodes ont entre 30 et 60 ans, voire plus de 120 ans dans le cas de la psychanalyse. Beaucoup d’approches thérapeutiques traditionnelles sont donc basées sur l’idée que le cerveau est plus ou moins fini dès que nous atteignons l’âge adulte et qu’il ne peut plus vraiment changer à partir d’un certain âge.

Mais dans quelle mesure les méthodes de traitement standard actuelles peuvent-elles encore être prometteuses ? Ce serait un peu comme si un constructeur de bateaux, qui n’a jusqu’à présent connu l’eau que comme une surface gelée, développait différents types de bateaux. À votre avis, ses bateaux flotteront-ils bien lorsque l’été arrivera et que la glace fondra soudainement ?

Tout comme certaines zones du cerveau des chauffeurs de taxi s’agrandissent visiblement, votre cerveau réagit jour après jour à la manière dont il est utilisé. Vous vous faites peut-être du souci depuis des années, les critiques vous viennent beaucoup plus vite aux lèvres que les louanges ? Avez-vous été éduqués dès votre plus jeune âge pour devenir un pessimiste fonctionnel ? Dans ce cas, votre cerveau sera bien plus efficace pour trouver des problèmes que des opportunités. Il trouvera beaucoup plus vite des raisons pour lesquelles un rêve ne peut pas être réalisé que des idées pour le réaliser. Ce n’est pas qu’il y ait plus de problèmes que de solutions, mais votre cerveau est bien mieux entraîné à voir l’un et à ne pas voir l’autre.

Un cerveau qui a été entraîné pendant suffisamment longtemps vers la peur développera tôt ou tard presque inévitablement un trouble anxieux ou une dépression. Mais si l’on peut entraîner son cerveau vers la peur et la panique, il doit également être possible de le modifier vers la légèreté et la joie. Et en effet, il existe désormais des techniques qui permettent une telle « reprogrammation » en quelques semaines. Un dicton courant parmi les chercheurs sur le cerveau est le suivant : Neurons that fire together, wire together. Donc : « Les neurones qui émettent des signaux ensemble se connectent, et ce, via des synapses ».

Grâce à un entraînement mental récemment développé, connu aujourd’hui sous le nom de méthode Bernhardt, il est aujourd’hui possible de faire en sorte qu’un grand nombre de vos synapses émettent simultanément des informations positives, ce qui a pour effet de les relier entre elles et de créer ainsi une nouvelle autoroute de données positives dans votre tête.

Au fur et à mesure que ce nouveau réseau se renforce dans votre cerveau, des pensées positives vous viendront automatiquement à l’esprit, tandis que les pensées anxieuses diminueront progressivement. Dès que vous aurez réussi, pendant trois semaines, à penser plus positivement qu’à vous faire du souci, votre corps commencera lui aussi à vous aider activement à surmonter vos peurs. Car à partir de maintenant, les lois du renouvellement cellulaire ne travaillent plus contre vous, mais pour vous. Un autre dicton très populaire parmi les chercheurs sur le cerveau dit : Use it or lose it! Alors, « utilisez-le ou perdez-le » ! Aussi sûrement que les cellules des fibres musculaires se dégradent lorsqu’elles ne sont pas régulièrement sollicitées, les muscles se développent et se renforcent dès que vous les entraînez. Dans le cerveau également, les connexions synaptiques dans lesquelles la peur est stockée se résorbent dès qu’elles ne sont pas utilisées pendant une longue période, tandis que le fait de tourner en permanence autour du sujet fait en sorte, au niveau neuronal, que la peur se généralise, c’est-à-dire qu’elle s’étend de plus en plus.

Vous devinez peut-être déjà pourquoi tant de thérapies standard prennent inutilement du temps pour aider les patients anxieux à retrouver plus de légèreté et de sécurité. D’une part, la thérapie de groupe, la confrontation et le fait de parler régulièrement de ses peurs renforcent toujours plus, au niveau neuronal, ce qui devrait en fait être réduit. D’autre part, les techniques de relaxation utilisées, comme le qi gong, la relaxation musculaire progressive et le training autogène, ne servent « qu’à » offrir un peu d’apaisement. Mais elles ne modifient guère les bases neuronales de votre anxiété. Et même les techniques de respiration si souvent utilisées n’ont malheureusement pas le potentiel nécessaire pour inverser rapidement les automatismes cérébraux défavorables. La peur ne peut être éliminée durablement que là où elle est née, dans les structures neuronales de votre cerveau.